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Les Bruyères
Construction : 1885
Accès : 9 rue Saint Armand
Cette jolie villa est construite sur un terrain qui a appartenu à un des fondateurs de Wimereux, maire de Wimille. Sur les façades se cachent des pépites de l'art nouveau ! L'artiste qui a créé ces discrètes décorations et la famille qui a occupé la villa ont un lien commun : la ville de Beauvais.
Armand & Marie
Armand de Lattaignant de Ledinghen (1817-1895) et son beau-frère Gustave Danse de Froissy étaient propriétaires de plusieurs terrains à Wimereux dont celui des Bruyères.
Armand de Ledinghen était né à Boulogne-sur-Mer en 1817. Licencié en droit, il occupa des postes à Epernay, Paris, dans l’Oise, dans la Somme, avant de s’installer à Wimille au château de Valembrune.
Il sera maire de Wimille de 1867 à 1895. Il a contribué à la création de la station balnéaire de Wimereux.
En 1855 il avait épousé, à Beauvais, Marie Danse de Froissy (1829-1915) dont il eut quatre enfants.
Le beau-frère d’Armand de Ledinghen, Gustave Danse de Froissy était ingénieur des Ponts et Chaussées et chevalier de la Légion d’Honneur. Il habitait avec son épouse, Fanny Enlart de Guémy et ses trois enfants, rue des Pipots à Boulogne-sur-Mer.
Armand de Ledinghen a fait lotir le terrain qui formera la rue St Armand. Le projet initial était de dessiner une rue en entonnoir pour que toutes les villas aient une vue sur la mer.
Ce plan d'alignement datait déjà de1881. Sur le plan Lavogez de 1903 la villa Les Bruyères est encore seule.
Valembrune
Le château de Valembrune à Wimille était la résidence d'Armand de Ledinghen.
Du château de Valembrune à Wimille part une magnifique promenade le long du Denacre, belle vallée ombragée et pleine de charme.
Le terrain
Ledinghen et Froissy vendent, en 1885, un terrain qu’ils ont à Wimereux à (Ernest-Eugène) Elie Cauzette, conseiller municipal à Beauvais, membre de la Société Académique de l'Oise et de la Société des Amis des Arts, époux de Rosine Delarue.
Leur fille adoptive (Marie-Louise) Noélie Cauzette (1883-1961) épouse à Beauvais en 1904 Albert Bachellier (1872-1940), avoué près du Tribunal civil d'Amiens, président de la Compagnie des Avoués. Albert Bachellier et Noélie Cauzette deviennent propriétaires des Bruyères en 1906 au décès d’Elie Cauzette. Noélie est la fille de Pierre Recourat-Chorot, imprimeur-lithographe, et de Clémentine Dufraine.
Elle a été adoptée en 1904, à 21 ans, quelques mois avant son mariage, par Elie et Rosine Cauzette, négociants à Beauvais. Noélie avait perdu sa mère à l'âge d'un an.
Illustration : photo colorisée. Entrée sud de Wimereux vers 1900. On peut voir sur la gauche le chalet "Les bruyères" avec les deux losanges sur le toit, a la gauche de la construction sur 3 niveaux (disparue aujourd'hui).
Collection Arnaud Destombes
Tuiles vernissées
La villa apparait en bas à droite de la carte postale. La composition architecturale était simple et cubique.
La maison était, à l'origine, couverte de tuiles vernissées. (Il reste encore quelques villas de ce type à Wimereux aujourd'hui).
La toiture dessinait un double losange en deux tons de tuiles.
Les murs dessinaient des rayures horizontales en deux couleurs également.
Rue Napoleon
La villa Les Bruyères apparait ici au centre à gauche de l'image. On peut reconnaitre les losanges sur les tuiles du toit et les tuiles vernissées sur les murs.
Elle se situe au croisement de la rue Saint Armand (Armand, pour le premier propriétaire du terrain, Armand de Ledinghen) et de la rue Napoléon.
Le souvenir de Napoléon 1er (1769-1821) est très présent à Wimereux puisqu’il avait ordonné par décret la fondation d’une ville le long de la rivière (le Wimereux) et le création d’un port destiné au soldat de la grande armée, ce qui explique les abeilles impériales sur le blason de Wimereux. Il rêvait de conquérir l’Angleterre.
A gauche de la photo, les villas Babiole et Bon Papa. Construites en pierre et mansardées, l’angle de la façade de la seconde villa est à un pan coupé, une obligation dans les plans d’alignement de l’époque, et sans doute parce que l’art nouveau, qui a inspiré les décorations des façades, évite les angles droits (et la mode aussi !).
La famille Bachellier
Albert Bachellier et Noélie Cauzette auront quatre enfants qui sortiront d’indivision en 1963, et c’est leur fils Jacques Bachellier (1919-2002), juriste d’entreprise, qui reprendra la maison. Il a épousé Edith Lescure.
La sœur de Jacques Bachellier, Marie-Madeleine "la parisienne", passait tous ses étés à la villa et surtout à la cabine Les Bruyères, pour prendre son bain de mer journalier.
Très bavarde, elle se vantait d’être l’amie de l’épouse d’un ancien président de la République. Espérant intervenir dans la vie locale de Wimereux elle prenait régulièrement rendez-vous avec le maire et peu lui importait son étiquette.
Les enfants de Jacques Bachellier garderont Les Bruyères jusqu’en 2012 date à laquelle ils la vendront à Pierre-Antoine Dambricourt et à son épouse Clara Pechon, médecins. Ils en seront propriétaires jusqu’en 2020.
Son nom
Il semble que ce soit le terrain couvert de bruyères qui ait donné son nom à la villa. On le voit dans un joli cartouche en céramique incrusté dans la façade et entouré d'une décoration florale art nouveau.
Les céramiques
La décoration est sobre : quelques colombages sous le toit, un discret bandeau et quelques briques les soulignent. Détails plus importants : la décoration florales des murs. Ces carreaux en façade sont en grès et proviennent de la manufacture Gréber à Beauvais.
Le grès est obtenu à partir d’une argile cuite à très haute température (1200°C), et qui prend à la cuisson une couleur assez foncée, entre gris et marron. Le résultat obtenu est d’une très grande résistance. Après une première cuisson, les pièces peuvent être recouvertes de plusieurs couches d’émail de teintes différentes avant d’être repassées au four. On obtient alors des reflets métalliques et changeants qui rendent chaque pièce unique.
La manufacture Greber
Il n'est pas étonnant de découvrir cette décoration sur les façades des "Bruyères".
Leur auteur et artiste est originaire de Beauvais, comme la famille Cauzette. Albert Bachellier et Noélie Cauzette ont fait appel à Charles Gréber (1853-1935) pour la décoration des façades.
Ce dernier a développé l'entreprise familiale, créée par son père en 1870, tout en lui imposant son style. Le grès flammé et vernissé est l’un des matériaux importants et l’un des plus représentatifs de l’Art Nouveau parisien.
Deux corps
Deux façades présentent actuellement des décrochements surmontés de jolis toits en tuiles rouges ; ces annexes ont été ajoutées en 1909 et les tuiles vernissées des façades ont probablement disparu à la même époque, remplacées par les colombages (plus chics) de style Anglo-Normand.
La terrasse
Relativement rare dans la construction des villas balnéaires de Wimereux, un grand balcon est situé au niveau du toit et de la lucarne. Ce balcon est soutenu par des corbeaux et un toit en tuile dans le prolongement de la pente du toit principal.
L'auvent
De jolis toits en auvent protègent la porte d'entrée et l'entrée carrossable.
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